Le Projet Inclusif

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Dramane SIDIBE

PDG PROJET INCLUSIF

Le projet INCLUSIF, cofinancé par le FIDA et le Royaume du Danemark, met à l’échelle les acquis du Programme de microfinance rurale (PMR) financé par le FIDA et du Programme d’appui à la croissance économique et promotion de l’emploi stimulées par le secteur privé (PACEPEP) sur financement du Danemark. Il a pour vision de promouvoir une transformation durable des filières agricoles en améliorant l’inclusion financière et le partenariat économique entre acteurs depuis les groupes démunis, y compris les femmes et les jeunes, et leurs organisations, jusqu’aux petites et moyennes entreprises agricoles et agro-alimentaires.

INCLUSIF touchera 440 000 bénéficiaires directs issus des groupes démunis, des exploitations familiales rurales, des organisations professionnelles (coopératives, unions, fédérations) et des entreprises du secteur privé agricole. L’approche sera favorable aux femmes et aux jeunes (18 à 40 ans) qui représenteront respectivement au moins 50% de l’effectif touché.

RAISON D’ETRE DU PROJET INCLUSIF

  1. Le projet Inclusif s’appuie sur une théorie du changement qui considère le faible accès des ruraux et des agro-PME au financement comme un goulot d’étranglement qui compromet le développement économique des segments ruraux productifs. Cette hypothèse est alimentée par un environnement caractérisé par : (i) une aversion des banques vis-à-vis du secteur agro-alimentaire ; (ii) des relations intra-filières insuffisante et un cloisonnement quasi-étanche entre les acteurs ; (iii) un climat d’affaires et de partenariat productif non sécurisé ; (iv) une crise du sous-secteur du financement décentralisé exacerbé par un accès insuffisant des Sfd au refinancement et une offre de crédit centrée sur le court terme ; (v) une faible qualité des projets d’investissement des OP ; et (vi) un risque climat et un risque non maîtrisé de fluctuation des prix. De cette situation résultent : (i) un secteur agro-alimentaire peu dynamique ; (ii) un fonctionnement non performant des filières ; (iii) la marginalisation des groupes démunis dont les femmes et les jeunes ; (iv) la migration des jeunes ruraux ; et (v) une transformation insuffisante du secteur agricole.
  2. Le Pmr a soutenu l’inclusion financière de plus de 100.000 ruraux et contribué à la restructuration, à la consolidation de 4 réseaux agrégeant plusieurs faîtières dans ses zones d’intervention et à l’effort de renforcement des capacités de 15 Systèmes financiers décentralisés (SFD) à l’échelle nationale. Il a participé à la mise en place d’un mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés (MEREF-SFD) [1] et a appuyé les instances de la microfinance et en particulier la Cellule de contrôle et de surveillance des systèmes financiers décentralisés (CCS-SFD) dans sa mission d’assainissement du secteur. Celui-ci reste toutefois confronté à des défis qui requièrent le renforcement des missions et compétences régaliennes en matière de contrôle et de surveillance, la poursuite des efforts d’assainissement, de professionnalisation et de renforcement de la viabilité des SFD en particulier sur le marché rural.
  3. À ces défis s’ajoute la nécessité de renforcer l’inclusion financière en milieu rural où à peine 1 adulte sur 5 a accès aux services financiers. Sur ce segment, seulement 11% de la population active détient un compte dans une institution financière formelle (Findex 2014). La bancarisation rurale est largement tributaire de l’offre des SFD qui absorbent environ la moitié de la clientèle du secteur financier et plus de 70% en milieu rural. Parallèlement, l’offre de microcrédit reste largement inférieure à la demande portant sur 3 millions de clients potentiels dont 80% vivent et développent leurs activités dans les zones rurales. Un volume de ressources prêtables additionnelles de l’ordre 35 milliards de FCFA (70 M USD) serait nécessaire au cours des prochaines années pour servir ces populations et soutenir l’activité économique rurale. Dans ce contexte, les petits agriculteurs demeurent confrontés à des défis pour améliorer leur productivité, se garantir des moyens d’existence susceptibles de renforcer leur résilience et accroître leur participation dans les filières afin de stimuler la transformation du secteur agricole.
  4. La mise en œuvre du Programme de Microfinance Rurale (Pmr)de 2010 à 2018 a révélé la nécessité de poursuivre les actions d’inclusion financière rurale pour renforcer les acquis et notamment : (i) l’insertion socioéconomique et la résilience des petits producteurs, en particulier des femmes et des jeunes, leur éducation financière et leur accès durable aux services financiers ruraux pérennes et adaptés à leurs activités au travers du MEREF-SFD (ii) l’amélioration de la qualité des SFD conformément à la réglementation, et la promotion de services financiers innovants adaptés aux besoins des petits producteurs dans le contexte actuel marqué par la digitalisation des services financiers et l’avènement de nouveaux acteurs à l’instar des plateformes de services d’information, de communication et de services à valeur ajoutée, et (iii) le renforcement de l’action publique par des moyens conséquents face au défi d’assainissement, de contrôle et de surveillance du secteur de la microfinance.
  5. Toutefois, les acteurs des filières agricoles (producteurs, Organisations professionnelles [OP], petites et moyennes entreprises agricoles [PMEA]) se contentent actuellement de financements ordinaires en l’absence de produits spécifiques et de mécanismes correspondant à leurs besoins spécifiques. Ils se limitent en majorité aux crédits saisonniers et à court terme. Les instruments financiers nécessaires aux investissements de moyen terme requis pour la transformation, les équipements et l’infrastructure, sont quasiment inexistants. Les liens entre l’offre et la demande de crédit ne sont pas structurés ni prévus dans des partenariats commerciaux à long terme. L’accès aux services financiers nécessite des garanties que les petits agriculteurs et les PMEA ne sont généralement pas capables de fournir. Les produits d’investissement appuyés par les projets ont une portée territorialement et temporellement limitée à leurs cycles de vie. Dans cette perspective, des approches complémentaires sont nécessaires pour attirer des financements privés au sein des filières dans le cadre de plans d’affaires regroupant des OP et des opérateurs privés, dont les PMEA. Ces plans d’affaires pourront porter sur des activités comme : (i) l’accès aux intrants et aux technologies novatrices de production, de stockage et de transformation ; (ii) le financement d’investissements structurants, en particulier infrastructures et équipements ; (iii) le renforcement de la résilience des petits producteurs au changement climatique.
  6. Ce changement de paradigme requiert la professionnalisation des organisations professionnelles afin de les aider à s’inscrire dans une approche entrepreneuriale et de partenariat orientée vers le marché. Elle appelle également l’identification de solutions d’adaptation au changement climatiques rentables et l’accompagnement de tous les acteurs du projet dans l’adoption de ces solutions. Ces approches permettront la formalisation de contrats entre les OP et les commerçants ou les transformateurs dans une perspective de durabilité, à l’instar de l’expérience appuyée par le projet Pacepep qui a innové en finançant une vingtaine de partenariats sous la forme de « projets intégrateurs » impliquant des acteurs de différentes filières. Inclusif s’appuiera sur ces expériences pour renforcer les partenariats 4P (Partenariat Public Privé Producteurs).

Figure 1 : Théorie du changement

  1. Le projet Inclusif s’inscrit dans l’axe 2 de la note stratégique du Fida pour le Mali qui vise à améliorer l’inclusion financière rurale en appuyant l’accès des petits producteurs et micro-entrepreneurs à des services financiers adaptés à leurs besoins pour démarrer ou développer leurs activités économiques.[2] Le projet permet d’une part de consolider et mettre à l’échelle les acquis du Pmr en matière d’inclusion financière et d’autre part d’opérer un changement de paradigme susceptible de soutenir la transformation durable du monde rural par la promotion de nouvelles approches aptes à attirer des investissements privés plus importants dans les filières en faveur des petits agriculteurs.
  2. Il s’inscrit également dans le programme du secteur privé de 2019–2022 de la coopération Mali–Danemark qui a pour objectif « de promouvoir la croissance économique inclusive et la création d’emplois dans le secteur agricole et agro-industriel menées par les acteurs privés et de favoriser l’insertion des jeunes et des femmes dans la vie économique ». Il correspond au premier des 3 engagements de développement du programme qui vise la « finance inclusive et la facilitation de chaînes de valeur agricoles ».Le financement spécifique « climat » apporté par le Danemark permet, de plus, d’intégrer les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (critères ESG) de façon concrète dans les stratégies des partenaires privés du projet, en permettant de les orienter vers une philosophie d’investissement responsable, pleinement en ligne avec les recommandations de la note sur les procédures environnementales, sociales et climatiques du Fida.

Figure 2 : Inclusif : Mise à l’échelle Pmr-Pacepep

 

[1] Le mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés MEREF-SFD a été institué le 16 juillet 2018 et prend le relais du Fonds de crédit institutionnel partagé (FCIP) initié par le Pmr

[2] Inclusif contribuera aux autres objectifs stratégiques (OS) de la stratégie du programme-pays du Fida : L’OS1 vise à soutenir une productivité agricole résiliente aux changements climatiques et l’OS3 a pour objet d’insérer professionnellement les jeunes ruraux en leur offrant des opportunités d’emplois au sein de filières agricoles efficientes et durables